Inhumation ou crémation ?

Avec près de 900 pompes funèbres installées dans l’ensemble du pays et 120 000 décès par an, le paysage funéraire belge et les tendances restent profondément liés aux valeurs et aux convictions de chacun. Cependant, en près d’un demi-siècle, la vision de la mort et des coutumes parfois millénaires ont laissé place à de nouvelles réflexions. Mode de sépulture, type de funérailles, voici ce que choisissent aujourd’hui les Belges.

La crémation, quasi centenaire et pourtant longtemps restée en marge 

Si la crémation est en phase de devenir le rite funéraire le plus populaire en Belgique, elle a dû, durant des décennies, essuyer un regard parfois empli de scepticisme et apprendre à s’adapter à des mœurs mortuaires, fermées aux progrès. Autorisée en 1932, la crémation a en effet eu du mal à trouver un public. La faute à l’Église catholique qui n’a levé que son interdiction en 1963 ? Pas seulement. 

Tolérer la crémation demande de repenser le rapport à la mort et d’accepter qu’un corps soit réduit en cendres. Il est certes possible d’inhumer ou conserver une urne funéraire dans un cimetière, créant ainsi un lieu physique de recueillement, mais cela demande de se faire à l’idée qu’une sépulture puisse être autre chose qu’une fosse recouverte d’une stèle ou un caveau.

Pour ce faire, il a fallu démystifier la crémation ce qui n’a pu être possible que par le biais d’actions qui ont nécessité du temps. Ainsi, bien que la Belgique se doit dotée assez tôt d’infrastructures permettant la combustion des cercueils, en 1980, ce mode de sépulture peinait à dépasser les 5 % et même dans les années 2000, l’engouement restait limité puisqu’il ne représentait que 28 % des funérailles, des chiffres bien plus faibles que dans certains pays voisins.  

La crémation : une affaire de régions

En seulement vingt ans, le nombre de crémations en Belgique a été multiplié par deux atteignant désormais 62 %. Bien que cette donnée soit variable selon les régions, la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale enregistrant bien moins de crémations que la Flandre, les Belges envisagent moins systématiquement l’inhumation qu’il y a quelques décennies. Si chacun met en avant des arguments différents, ceux qui reviennent le plus souvent sont : l’idée de pouvoir reposer en pleine nature, épargner les démarches relatives à l’entretien d’une tombe et le coût d’une crémation, estimé inférieur à celui d’une crémation. La volonté d’organiser des funérailles écologiques est aussi parfois citée, chez des individus soucieux de quitter cette terre, en minimisant au maximum leur empreinte carbone à défaut de pouvoir bénéficier d’une humusation.

À chaque défunt un lieu de sépulture personnalité

Paradoxalement, si la dispersion des cendres reste plutôt plébiscitée, elle n’est plus aussi répandue qu’il y a une vingtaine d’années. Grâce aux différentes réformes de la réglementation funéraire, il est désormais possible pour les membres de la famille du défunt de conserver l’urne ou de l’inhumer dans une propriété privée. Les cimetières ont aussi réaménagé leurs allées afin de répondre à la diminution des espaces consacrés aux tombes pour corps et la plupart aujourd’hui sont dotés, en plus d’un columbarium et d’une pelouse de dispersion, de parcelles réservées aux cavurnes. Certains mêmes, proposent de louer une concession cinéraire surplombée d’un arbre, une solution originale et particulièrement indiquée pour ceux qui ont à cœur de profiter d’un lieu de recueillement moins austère. Et pour une sépulture loin de tout cimetière, il est possible de se rapprocher de l’association les Arbres du souvenir qui ont aménagé un espace cinéraire dans la forêt de Fleurus.

L’inhumation séduit encore un bon pourcentage de la population

Bien que d’année en année, la proportion d’inhumation pratiquée en Belgique ait tendance à diminuer, ce rite funéraire millénaire reste encore très populaire dans certaines communautés religieuses, mais aussi chez ceux ne pouvant imaginer leurs funérailles sans l’ensevelissement de leur dépouille mortelle. 

Cependant, les inhumations d’aujourd’hui ne ressemblent plus à celles d’hier. Désormais, il est possible de choisir un cercueil en carton ou en osier, afin d’être inhumé selon des valeurs davantage écologiques ou même dans un linceul ce qui n’était pas, il y a quelques années, permis par la réglementation funéraire en vigueur. 

Ainsi, si jadis pour respecter certaines traditions religieuses, les familles devaient obligatoirement faire rapatrier un défunt sur sa terre natale, compte tenu de la nouvelle législation, il est bien plus simple d’offrir une sépulture sur place, sans néanmoins aller à l’encontre des rites propres à ses convictions. Outre la diversité des rites funéraires, le paysage des cimetières se végétalise et invite la marbrerie funéraire à laisser plus de place à la nature. 

Inhumation ou crémation : une question de coût ?

S’il est finalement possible de se passer de la location d’une concession funéraire et des frais de marbrerie, les coûts moyens relatifs aux funérailles, hors inflation, ne devraient-ils pas être sensiblement moins élevés qu’avant ? Pourtant en pratique, les Belges dépensent aujourd’hui entre 2 300 et 3 600 € pour organiser les obsèques d’un proche, si ce n’est parfois bien plus, soit trois fois plus qu’il y a cinquante ans.

Ainsi certaines familles peinent aujourd’hui à trouver les ressources nécessaires pour organiser des funérailles tout en respectant les dernières volontés d’un proche. Pour éviter ce genre de situation, le marché funéraire a vu fleurir des offres de prévoyance funéraire sous forme de contrat obsèques en capital ou en prestations afin de permettre à toute personne qui le souhaite de prendre en charge financièrement ses propres obsèques de son vivant. Couvrant aujourd’hui entre 15 et 20 % des décès, cette formule risque bien de faire rapidement de nouveaux adeptes.

Catégorie
Obsèques
Publié le
6 août 2021