Peut-on fabriquer un cercueil ?

Aujourd’hui, la libéralisation des mœurs se ressent même lors du dernier hommage. Si certains optent encore pour une cérémonie funéraire dans l’intimité et en toute pudeur, d’autres s’affranchissent de la solennité des rites et des traditions en optant pour des obsèques civiles résolument originales. Il est loin le temps où les prestations funéraires standardisées constituaient la norme.

Aujourd’hui les pompes funèbres tiennent compte de tous les desiderata à condition qu’ils ne s’opposent pas à la mémoire du défunt. Cortège funéraire en calèche, cérémonie funèbre dans un château, sans aller jusqu’à citer les funérailles insolites, aujourd’hui chacun peut organiser des obsèques fidèles à ses valeurs, dans le respect et la dignité, sans toutefois manquer d’y ajouter une touche personnelle. Certains manifestent même la volonté de fabriquer leur cercueil eux-mêmes. 

Fabriquer un cercueil soi-même le : Kiwi Coffin Club

En 2010, en Nouvelle-Zélande, une infirmière en soins palliatifs retraitée, Kathie Williams, a pris l’initiative de créer un club de 3e âge, un peu particulier : le Kiwi Coffin Club. Le but : sociabiliser et fédérer les inscrits autour d’un atelier pour fabriquer un cercueil soi-même. S’inscrivant dans une logique de réduire les frais liés aux funérailles – le cercueil représentant une dépense conséquente –, mais aussi pour donner une touche plus personnelle à sa mort, le concept a séduit de nombreux adeptes qui ont même pu se faire profiter le jour J de leur « cercueil DIY », puisque la législation funéraire néo-zélandaise ne s’oppose pas à l’utilisation de tels modèles.

Plus qu’un simple atelier mortuaire, le Kiwi Coffin Club invite toute personne qui le souhaite, à fabriquer un cercueil à son image en amorçant une réflexion visant à dédramatiser la mort, la repenser, mais surtout l’anticiper. Dans l’optique de funérailles personnalisées, s’impliquer soi-même dans la conception de sa bière permet aussi de redorer l’image du cercueil, considéré bien souvent comme une pièce austère, rarement fidèle à ses dernières volontés.

Que dit la législation belge sur la fabrication de cercueil ?

Si fabriquer un cercueil soi-même paraît une initiative séduisante pour finalement voir la mort comme une suite logique de la vie, pour prétendre l’utiliser pour ses propres obsèques, il est nécessaire que cette démarche n’aille pas à l’encontre de la législation funéraire en vigueur. Or, sur cette question, chaque pays a son propre avis. En Flandre belge, l’inhumation en linceul ou l’usage du cercueil en carton est permis depuis une dizaine d’années déjà, alors qu’en Wallonie ces alternatives à la bière en bois massif ne sont tolérées que depuis 2019. Les caractéristiques auxquelles doivent répondre les cercueils sont sensiblement différentes selon les régions. À titre d’exemple, en Wallonie depuis 2019, les cercueils pour inhumation doivent répondre aux caractéristiques suivantes :

  • les cercueils en carton ou en osier sont permis pour les sépultures en pleine terre ou pour la crémation, mais pas pour les sépultures en caveau pour des raisons de salubrité.
  • les cercueils en caveau doivent soit être en bois massif et posséder une doublure en zinc avec soupape, soit être en métal ou polyester ventilé. La solidité des poignées doit être garantie pour les travaux d’exhumation.
  • quelle que soit la destination du cercueil, la garniture doit être fabriquée dans des matériaux biodégradables.
  • Les colles, solvants et vernis utilisés ne doivent pas altérer la décomposition naturelle de la dépouille mortelle.

Fabriquer un cercueil en kit : toléré ou non ?

Si à la suite du décès du fondateur d’Ikea, les traits d’humour sur les cercueils en kit n’ont pas manqué, pourtant ce type de modèles existent sur le marché funéraire depuis des années déjà et représentent une alternative viable pour ceux qui souhaitent fabriquer un cercueil. Livré dans une simple boîte, il répond aux normes funéraires et convient aussi bien pour une inhumation qu’une crémation. Outre son procédé de fabrication bien plus écologique qu’un modèle traditionnel en panneau de bois aggloméré ou bois massif, il n’est que peu contraignant en matière de transport et demeure très compact. Un cercueil en kit est vendu environ 500 €, un prix largement inférieur à la moyenne des références proposées par les entreprises de pompes funèbres.

Les cercueils personnalisés : une infinité de possibilités ?

S’impliquer dans la fabrication de son propre cercueil peut aussi passer par la réservation de modèles personnalisés dont la démocratisation est rendue possible grâce à l’assouplissement de la législation funéraire belge et la mise sur le marché de cercueils en carton. Ainsi, il est possible de choisir non seulement la couleur de son cercueil, mais aussi de demander à faire imprimer un visuel de son choix. Certains artistes proposent même de peindre à la main des cercueils fabriqués sur mesure.

Toutefois, ceux qui ne souhaitant pas s’investir pour faire fabriquer un cercueil, peuvent se tourner vers les opérateurs funéraires belges qui proposent des modèles préconçus avec des motifs d’animaux, de paysages, d’instruments de musique et même des graphismes plus abstraits. De tels articles funéraires sont plébiscités chez ceux qui souhaitent bénéficier de funérailles écologiques tout en s’éloignant de la sobriété et du côté parfois austère des entreprises funéraires. Il est aussi possible de penser aux modèles de cercueil recouverts d’une couche d’ardoise qui permettent à la famille et aux proches présents le jour des funérailles de glisser quelques mots ou pensées en bon souvenir du défunt.

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Publié le
6 août 2021